Cinq semaines à ZAZAKELY dans le quartier de Mahazina à Antsirabe
Découverte de mon lieu de vie malgache et du « rythme » des journées
Après le voyage Tananarive – Antsirabe en taxi-bus (une expérience à vivre !!!) , je découvre l’endroit dans lequel je vais séjourner pendant 5 semaines :
Des locaux accueillants, des extérieurs bien entretenus avec une multitude de pots en terre cuite, donc de plantes, pots fabriqués par une maman d’élèves potière, pour payer la scolarité de ses enfants .
Je loge dans l’ancien bâtiment qui comporte la cuisine, un bureau- bibliothèque, une salle de classe qui sert aussi de réfectoire, les 2 pièces dans lesquels dorment les Vahazas – comprenez les Blancs*- avec une cuisine, un WC et excusez du peu, une douche avec eau chaude à disposition !
Du grand confort dans ce pays où 90 0/0 des gens n’ont pas l’eau courante !
(*Romain, un civiliste, était là depuis quelques semaines déjà, une volontaire française est arrivée pour un mois, et juste avant mon départ sont arrivés 3 jeunes volontaires français qui eux, resteront 3 mois. Nous apprendrons à nous connaître au fil des jours, à cohabiter, à nous organiser pour nos repas du soir, à servir de guide dans Antsirabe pour les derniers arrivés)
Chaque matin de la semaine, dès 7h30, les adultes (cuisinières, gardien, responsables de la spiruline, enseignants) passent par le bureau de Monsieur René, le Directeur, pour « faire le point », partager un souci, faire part du programme de la journée.
A partir de 8h, les enfants arrivent. Au coup de sifflet, tous se mettent en colonnes, par année scolaire, pour un moment d’animation : chant – comptines - encouragements - « mise au point » ou consignes particulières de la part d’un adulte.
Dès les premiers instants, j’ai été touchée par l’accueil que ces enfants reçoivent : ils sont accueillis, aimés, respectés, encouragés, encadrés ! ça se ressent très fortement !
Puis chacun va dans sa classe respective pour consolider les notions travaillées à l’école publique.
Dans les classes de Zazakely, c’est donc de renfort pédagogique et de consolidation du programme qu’il s’agit.
Un groupe d’élèves va à l’école publique le matin une semaine sur deux, et à Zazakely l’autre demi-journée. Et la semaine suivante c’est l’inverse.
Vous me suivez ? Je dois avouer que, comme vous, j’ai mis un moment pour comprendre ce fonctionnement !
Donc pour le groupe de matin :
Classe de 8h15 à 11h20(avec une récré, bien sûr !), repas* et départ pour la classe de l’école publique (qui est à au moins 1,5 kilomètre pour les primaires, plus loin pour les lycéens)
Pour le groupe de l’après-midi :
Matinée dans l’école publique –trajet jusqu’à Zazakely pour le repas - puis classe de 14h à 16h 20 (avec la pause récré !!)
Pour les lycéens, bacheliers et élèves de l’Uni, il y a les devoirs surveillés qui ont lieu dès 17h et jusqu’à 18h40 (quand l’électricité n’est pas coupée / il faut savoir que la nuit tombe aux environs de 18h !!!)
Longues journées pour ces enfants qui souvent ont un trajet à faire entre leurs différents lieux d’enseignement, et qui peut-être, avant l’école, ont été de corvée pour remplir les récipients d’eau au point de distribution de leur quartier.
Longues journées également pour les adultes qui les accompagnent.
(Les « bénévoles » ont la responsabilité d’un groupe d’une dizaine d’enfants pendant les heures de classe et, comme les enseignants malgaches, sont présents la plupart du temps pour les « devoirs surveillés ».)
Les programmes enseignés s’inspirent des programmes français. Ils sont donnés en malgache en Maternelle et au CP1 (1 à 3 Harmos), puis les mathématiques sont en français depuis ce qu’ils appellent CP2 (4 Harmos). Ensuite c’est en principe en français pour la plupart des notions.
Les enseignants de Zazakely reprennent ce qui a été « travaillé » à l’école publique : leçons de malgache, de français, de math et de Sciences de la vie / sciences - géo
Les supports des cours sont au tableau et les élèves recopient dans leur cahier. Il y a beaucoup de travail collectif et des apprentissages par cœur. On lit tous ensemble très fort et on répète plusieurs fois ce qui est écrit au tableau ! Tout est très structuré, il y a peu de place pour la spontanéité !!!
Mon intervention et mon « ressenti »
Institutrice à la retraite depuis un peu plus d’une année, j’étais très curieuse d’observer comment fonctionne tout ce petit monde et de m’y intégrer peu à peu !!!
Après avoir observé pendant quelques demi-journées, j’ai proposé de prendre un groupe parmi les 60 élèves de la classe desCP1/2- CE1 pour le français, les maths (calcul + 1ères bases de géométries) et ce qui est appelé Sciences de la Vie.
Chaque demi-journée, avec des groupes différents d’une dizaine d’enfants, nous avons essayé de travailler le mieux possible !
Nous avons mis quelques jours pour nous « apprivoiser ». De mon côté, je devais m’adapter à une façon d’enseigner qui n’était de loin pas celle que j’ai pratiquée – et avec des problèmes de langues par-dessus le marché !
Et pour les élèves, il leur fallait faire des gros efforts supplémentaires de compréhension !!!
Mais avec de la bonne volonté de part et d’autre, quelques mots de malgache pour moi, des consignes données par la titulaire (en malgache !!!) avant que nous nous séparions, et nous avons pu avancer avec, pour moi en tous cas, beaucoup de plaisir !!
Je remercie les collègues malgaches pour leur accueil, leur confiance et leur générosité !!!
Nous partagions le repas de midi (*riz rouge accompagné tantôt de pâtes, tantôt de pomme de terre, ou de « bredes » -légume vert à mi-chemin entre bette et épinard - ou encore ragoût de zébu).
Nos deux mondes sont si différents qu’on ne peut pas faire de liens ou de comparaisons, mais l’échange et la convivialité permettent de bons moments de partages, de questions, de rires aussi et … d’émotions !!!
Etre vigilante pour avoir une attitude adéquate dans ce pays à la vie difficile, où la plupart des gens sont dans la survie, se confronter à des valeurs, des habitudes de vie, des croyances différentes de celles que nous vivons habituellement, les contacts avec les enfants, les enseignants et toutes les personnes rencontrées, tout cela, et le reste, fait qu’un tel séjour fut pour moi intense et laisse une belle trace dans mon cœur (et mes souvenirs !!!)
Merci aussi à Monica et Jean-Pierre de m’avoir aidée et encouragée dans ce qui n’était au départ qu’un vague désir!
Merci également à mes jeunes « collègues-bénévoles », qui ont fait que la vie communautaire a été fort plaisante, détendue et agréable !
Line Dépraz